Mohamed, consultant : « Un espace de coworking est le point de départ idéal pour les starters »

Une prédilection pour la rhétorique

« J’ai étudié le latin au lycée. J’ai toujours eu une prédilection pour la rhétorique classique. SPOKEN est une référence aux mots avec lesquels Cicéron a clôturé l’un de ses discours les plus connus : « J’ai dit ». Quand j’avais 18 ans, mon professeur d’anglais m’a conseillé de participer aux BBC Public Speaking Awards. Je suis arrivé en finale et cela a mis le feu aux poudres. »

« Je rêvais d’une carrière d’avocat et je me suis donc inscrit à la faculté de droit. Mais j’ai rapidement compris que le barreau n’était pas mon univers. Pendant mes études, j’ai pu m’exercer dans un cercle de débat que j’avais moi-même créé. Une chose m’avait vraiment frappé à l’époque : de nombreuses personnes, pourtant compétentes, ne sont pas capables de raconter une histoire intéressante. C’est ce que j’avais remarqué lorsque j’ai commencé à travailler comme consultant en communication après mes études.  C’est ainsi qu’est née l’idée de SPOKEN. »

Une carte limitée

« Je ne me considère pas comme un entrepreneur pur sang. J’ai simplement constaté un problème auquel je voulais apporter une solution, et je crois que c’est en tant qu’indépendant que je peux avoir le plus grand impact. » Bon nombre d’entreprises ou de conférenciers se tournent vers des agences de communication pour leur positionnement, vers des copywriters pour le contenu proprement dit de leur discours et vers des coachs de présentation pour mieux transmettre ce contenu. Ce n’est qu’une partie de l’iceberg, alors que ces aspects d’un discours convaincant sont étroitement liés. Avec SPOKEN, je veux donc aider mes clients de A à Z. »
 

« Avant de commencer, j’avais dressé une longue liste de services potentiels. Je n’en ai gardé que trois. J’aide les intervenants à se positionner stratégiquement, je leur fournis des contenus percutants et je leur apprends à transmettre ce message sur un podium de manière convaincante. J’ai par exemple renoncé à la formation aux médias. « Les starters pensent généralement : plus vous proposez, plus vous gagnerez. Or, cela vous empêche de vous spécialiser et les clients potentiels ne savent pas pour quoi ils peuvent s’adresser à vous. Les restaurants qui proposent une carte limitée sont aussi généralement les meilleurs. »

Une dent contre la bureaucratie

« SPOKEN est pour l’instant une entreprise personne physique, mais deviendra probablement une société par la suite. C’est plus intéressant sur le plan fiscal et cela permet également de préserver son patrimoine privé. Cela semble réfléchi, mais en réalité, je déteste profondément la bureaucratie et l’aspect administratif. En tant que starter, vous n’y échapperez pas. Heureusement, vous pouvez compter sur votre comptable et votre guichet d’entreprises pour toutes ces formalités pratiques. »

« Je n’ai pas encore de business plan. Je ne sais pas par où commencer. Mon modèle d’affaires n’est pas non plus sorcier. Je travaille avec un tarif horaire et j’ai peu de frais. Pour le moment, mon comptable est mon plan financier (rires). À terme, je compte faire de SPOKEN un bureau doté de sa propre histoire, indépendamment de ma personne. Il faudra alors évidemment rédiger un plan. »

Accroître son autorité

« Je rencontre la plupart de mes clients lors d’événements de réseautage ou par le bouche-à-oreille. Je reçois également beaucoup de demandes sur LinkedIn. Je constate que les témoignages de clients constituent un excellent moyen d’attirer de nouveaux clients. L’autorité des autres vous aide à accroître la vôtre. Elle peut vous être utile si vous conseillez des CEO du haut de vos 27 ans. »

« J’ai créé mon site web moi-même. Il existe aujourd’hui suffisamment de plateformes pratiques qui rendent la programmation superflue. On m’a pourtant dit souvent qu’un site était dépassé, mais je trouve quand même que c’est un atout. Un site web clair donne une impression de professionnalisme et permet de retrouver vos coordonnées, ce qui reste plus difficile sur les réseaux sociaux. »

 Ajuster les prix

« Fixer mes prix n’a pas été évident. J’avais peur de demander trop dès le début, car je voulais surtout étoffer ma clientèle. Quelques clients m’ont déjà d’emblée que j’étais trop bon marché pour eux. Je continue donc d’ajuster mes prix. C’est un processus d’essai et d’erreur pour arriver à la perfection. »

Décider par soi-même

« J’ai commencé en tant qu’indépendant en activité complémentaire et je travaille encore à temps plein pour une agence de communication. Je travaille donc sept jours sur sept, j’ai perdu mes week-ends insouciants. En tant qu’indépendant•e, vous n’avez personne qui prend les décisions à votre place. C’est la principale différence avec le travail en tant que salarié. Une soirée par semaine, j’essaie de ne pas me glisser derrière mon ordinateur et je prends du temps pour me détendre. Mais je sais pourquoi je fais tout cela. Et entreprendre procure énormément d’énergie. »